SWEETEST MORNING (R.)

Le soleil se levait à peine, baignant de ses lueurs dorées la forêt. Brillante de reflets, l’eau irisée du lac commençait à se réchauffer, petit à petit, une brume légère flottant au dessus. Personne n’aurait sans doute osé s’y aventurer à une heure aussi matinale, préférant de loin patienter jusqu’à ce qu’elle atteigne une température moins basse. Mais il y avait, dans cette fraîcheur, une douce euphorie à laquelle il n’eut la force de résister. Nathanaël ne considérait pas qu’il avait une vie difficile ou que la chance lui avait manqué. Il aimait cette existence qu’il menait, peu importe ce que les autres pouvaient en penser. Il appréciait se lever avec le soleil, dormait parfois à la belle étoile pour contempler le ciel scintillant à travers les branches et les feuilles des arbres qui, sous une brise légère, frissonnaient et semblaient murmurer.

Il n’aspirait pas particulièrement au confort et au luxe. Bien au contraire. Ces personnes qui, dérangées par le moindre froissement de feuilles, fermaient leurs volets et s’emprisonnaient de leur propre gré dans les quatre murs, rataient tellement de choses. La beauté de l’aube, la fascination de tous ces animaux curieux qui traversaient les bois la nuit. Et même le plaisir de plonger dans cette eau fraîche, histoire d’avoir un réveil parfait. Émergeant doucement du lac, il se passa une main dans ses cheveux mouillés, intrigué par un bruit qui provenait de la rive où il avait gardé ses habits et son équipement. Il se doutait que quelqu'un s'aventure aussi loin dans la forêt, aussi tôt le matin. Paysans comme villageois, dormaient encore à poings fermés. Sans parler de la noblesse. Concentré, il plissa les yeux pour mieux distinguer et essayer de reconnaître la silhouette qui se faufilait avec grâce entre les arbres. Et il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour la reconnaître. Un simple sourire - empli de joie certaine, naquit sur ses lèvres, alors qu'il nagea vers la rive, histoire de se rapprocher un peu du bord. « A cette heure-ci du matin, je te pensais paisiblement endormie... »